Eaux usées et jus de choucroute : une station d’épuration à double filière Abonnés
Traitement biologique par boues activées pour les eaux usées
La nouvelle installation dispose d’une capacité de 204 500 équivalents habitants, adaptée aux besoins des 27 000 habitants des 11 communes et au volume de jus de choucroute rejeté par les producteurs, équivalent aux effluents de 140 000 habitants en période de pointe. La step de Meistratzheim, qui remplace 2 unités obsolètes, est conçue pour rester opérationnelle durant 30 ans.
La step épure 18 460 m³/jour et jusqu’à 38 700 m³/jour par temps de pluie. Après un pré-traitement classique (dégrillage, dégraissage, dessablage), les eaux usées urbaines sont soumises au traitement biologique par boues activées (voir EL n° 958), constitué d’un réacteur (bassin d’aération où sont cultivées des bactéries épuratoires) suivi d’un clarificateur, qui sépare l’eau claire traitée de la biomasse (boues d’épuration). La troisième et dernière étape de traitement consiste en une filtration sur billes de polystyrène expansé (procédé Filtrazur) qui complète l’élimination de l’ammonium.
À l’issue du processus de traitement, - dont toutes les étapes sont contrôlées sur les paramètres physiques, chimiques et biologiques -, l’eau épurée, conforme aux objectifs de bon état de la Directive cadre sur l’eau, est rejetée dans l’Ehn.
Traitement des jus de choucroute par méthanisation
Le territoire local concentre 70 % de la production nationale de choucroute. Les effluents de transformation du chou, ou jus de choucroute, sont acides, chauds (65 °C), et riches en matière organique, sels et graisses. Ils représentent un apport annuel en volume de 30 000 m³. Les jus stockés dans deux cuves de 100 m³, sont traités dans une filière dédiée, qui fonctionne à la demande selon les variations saisonnières de production, et qui apporte à la step une ressource énergétique en interne.
Après filtration et prélèvement des graisses, les jus de choucroute sont traités par fermentation méthanique selon le procédé BIOPAQ IC : des bactéries anaérobies dégradent les composés organiques des jus en biogaz (méthane et dioxyde de carbone), valorisable en énergie.
L’effluent liquide résiduel rejoint ensuite la filière de traitement des eaux usées urbaines.
Digestion des boues d’épuration
Le traitement des boues d’épuration fournit une double source de valorisation, énergétique et matière.
Après un égouttage destiné à l’épaissir, la pâte vient au contact de bactéries anaérobies qui digèrent les matières organiques. Un gazomètre récupère le biogaz produit par la digestion, tandis que les boues résiduelles passent par la centrifugation et le séchage thermique (procédé Innoplana). Les granulés obtenus peuvent être valorisés en filière agricole ou en incinération.
Pour éviter les nuisances olfactives sur le site et alentour, l’air des bâtiments de traitement est épuré dans deux tours de désodorisation physico-chimique.
Des procédés de traitement producteurs d’énergie
Les procédés de traitement favorisent la production de biogaz, issu de la récupération des graisses lors du prétraitement des eaux usées urbaines, de la digestion des boues d’épuration, et de la méthanisation des jus de choux.
Le biogaz brut sert de combustible pour chauffer les bâtiments et faire fonctionner certains équipements (méthaniseur, digesteur, sécheur). Une fraction du biogaz est transformée en eau chaude et électricité par deux moteurs (cogénération), le surplus pouvant brûler en torchère.
La construction des bâtiments d’usine allie une conception bioclimatique et une démarche de haute qualité environnementale. Le coût total de la station d’épuration est de 23,85 M € HT. Les marchés annexes (assistance à maîtrise d’ouvrage, contrôle technique, coordination sécurité et protection de la santé, archéologie préventive…) totalisent 1,32 M€ HT.
Le SIVOM effectue l’ensemble de l’investissement sur ce projet, dont le cofinancement est assuré par l’Agence de l’eau Rhin-Meuse (6 101 700 €), le Conseil général du Bas-Rhin (3 281 150 €), le Feder et la Région Alsace (500 000 €).
Les ménages acquittent la redevance d’assainissement, tandis que la part de l’investissement liée à l’agro-alimentaire est répercutée sur les producteurs de choucroute. Le tarif de dépotage des jus de choux intègre le coût de l’investissement destiné à traiter leurs effluents et le coût d’exploitation de la step, soit 13,05 €/m³, dont 6,15 €/m³ pour l’investissement et 6,90 €/m³ pour le traitement.
www.stepdelehn.com
Anne Lévy-Thibert
non signé le 06 décembre 2012 - n°984 de La Lettre de l'Environnement Local des communes et des intercommunalités
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