Diagnostiquer la présence de radon dans les établissements Abonnés
Le radon est issu de la désintégration de l’uranium et du radium présents naturellement dans le sol et les roches. En se désintégrant, il forme des descendants solides radioactifs qui peuvent se fixer sur les aérosols de l’air et, une fois inhalés, se déposer le long des voies respiratoires en provoquant leur irradiation. Le radon se trouve dans les milieux intérieurs et extérieurs ; sa concentration s’exprime en becquerel par mètre cube (Bq/m3). Dans l’air extérieur, il se dilue rapidement et sa concentration moyenne reste généralement faible, inférieure à une dizaine de Bq/m³. Dans les espaces clos, bâtiments et habitations, il peut s’accumuler et atteindre des concentrations élevées, jusqu’à plusieurs milliers de Bq/m³. Les zones les plus concernées sont les formations géologiques naturellement riches en uranium, localisées sur les grands massifs granitiques et volcaniques (Bretagne, Massif central, Corse...), ainsi que sur certains grès et schistes noirs. Le risque pour la santé résulte essentiellement de la présence du radon dans l’air. À long terme, l’inhalation du radon augmente le risque de développer un cancer des poumons, augmentation proportionnelle à la durée d’exposition et à la concentration en radon.
Les obligations du diagnostic radon
Le diagnostic radon est obligatoire pour les propriétaires d’ERP où la durée de séjour est significative, dès lors qu’ils sont implantés dans un des départements où le risque radon est avéré. Les zones de vigilance et d’obligation de diagnostic radon dans les ERP sont délimitées par arrêté du ministère de la Santé après consultation de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire - IRSN (arrêté du 22/7/2004 relatif aux modalités de gestion du risque lié au radon dans les lieux ouverts au public). Les mesures doivent être réalisées tous les dix ans et lors de travaux entraînant la modification substantielle d’un établissement, affectant notamment sa ventilation ou son étanchéité. Sont concernés : les établissements d’enseignement y compris les bâtiments et locaux d’internat, les établissements sanitaires et sociaux disposant d’une capacité d’hébergement (hôpitaux, foyers…), les établissements thermaux et les établissements pénitentiaires. Si dans une pièce occupée plus d’une heure par jour, la concentration en gaz excède 300 Bq/m3, des travaux doivent être entrepris pour réduire l’exposition au radon. Parallèlement, dans ces mêmes zones, le code du travail oblige les employeurs à effectuer des mesures tous les cinq ans dans certaines catégories de lieux souterrains et dans les établissements thermaux où interviennent des professionnels. Les responsables doivent alors prendre des mesures dans un délai raisonnable pour réduire l’exposition des personnes entre 400 et 1 000 Bq/m3. Au-delà, ces mesures doivent être prises sans délai. Concernant l’habitat, la délivrance d’une information relative au radon est obligatoire depuis le 1er juillet 2017, pour le vendeur et le bailleur dans le cadre de la vente d’un bien immobilier situé dans une « zone à potentiel radon » (ordonnance n° 2016-131 du 10/2/2016 portant réforme du droit des contrats, du régime général et de la preuve des obligations, art L. 125-5 du code de l’environnement).
Mesurer le radon
Le dépistage du radon repose sur une série de mesures qui reflète l'exposition moyenne des occupants. Il s’agit d’installer un dosimètre, dans une ou plusieurs pièces de vie, pendant au moins deux mois et durant la période de chauffage, conditions nécessaires pour obtenir des données fiables. En effet, l'activité du radon est très variable au cours d'une journée et selon les saisons. Pour les habitations, un particulier peut faire réaliser le dépistage par une société spécialisée ou procéder lui-même à la mesure en acquérant des dosimètres radon disponibles dans le commerce. Pour les ERP et les lieux de travail, la réglementation impose de passer par un organisme agréé ; compter entre 250 et 400 euros le diagnostic.
Maîtriser sa concentration
La concentration de radon peut être réduite, sans pour autant pouvoir l’éliminer totalement. Quand la mesure met en évidence une concentration élevée de radon, l’identification des facteurs susceptibles de favoriser la présence du radon et la recherche de solutions pour la réduire sont nécessaires. Deux solutions existent pour réduire significativement la concentration en radon, combinables pour plus d’efficacité : éliminer le radon présent dans le bâtiment en améliorant la ventilation et le renouvellement de l’air intérieur, par renforcement de l’aération naturelle ou mise en place d’une ventilation mécanique adaptée, puis limiter l’entrée du radon en renforçant l’étanchéité entre le sol et le bâtiment (colmatage des fissures et des passages de canalisations à l’aide de colle silicone ou de ciment, pose de membrane sur une couche de gravillons recouverte d’une dalle en béton...). L’efficacité de ces mesures peut être renforcée par la mise en surpression de l’espace de vie ou la mise en dépression des parties basses du bâtiment (sous-sol ou vide sanitaire). Conseil : faire intervenir des prestataires compétents en maçonnerie, étanchéité et génie climatique, puis vérifier l’efficacité de la technique mise en œuvre en effectuant de nouvelles mesures de concentration en radon.
Marie Brévière le 04 octobre 2018 - n°1112 de La Lettre de l'Environnement Local
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