Préservation de la biodiversité urbaine nocturne : analyse des impacts et réponses individualisées Abonnés
Atténuer l’impact des LED
La généralisation des LED contribue à aggraver l’impact sur la biodiversité en raison de leur lumière riche en ondes bleues, vertes et rouges. D’une manière générale, il convient de privilégier des sources ayant un spectre lumineux étroit afin de perturber le moins d’espèces possible. De ce point de vue, les anciennes lampes au sodium, à la lumière orangée, s’avèrent moins nocives pour le vivant. Leur remplacement par des LED étant inévitable à terme, des expériences ont été menées avec succès sur des LED de teinte ambrée, en service notamment sur le pont Napoléon III à Lille. La lumière orangée ne supprime pas la nuisance mais en limite l’impact (une vingtaine de groupes d’espèces perturbés contre 54 pour les lumières à dominante bleue ouverte par exemple). Dans le cas d’un éclairage à LED standard, il reste préférable de choisir des températures de couleur basses (inférieures à 3 000°K), c’est à dire les sources ayant les teintes les plus chaudes.
Configurer l’éclairage public
La configuration de l’éclairage public s’avère également déterminante, notamment l’ULOR (Upward light output ratio), qui indique la part du flux lumineux émis vers le ciel. Les fabricants proposent désormais des éclairages dont l’ULOR est égal à zéro mais cela ne suffit pas. D’une part, la lumière orientée vers le sol peut créer un halo lumineux visible en hauteur. D’autre part, certaines surfaces minérales, telles que les chaussées brillantes, peuvent réfléchir massivement le flux lumineux vers le ciel. Une plus grande hauteur des mâts par rapport au sol contribue à atténuer ce phénomène. Enfin, l’espacement des points lumineux diminue l’intensité du halo. Par ailleurs, l’AFE invite les collectivités à reconsidérer la règle d’accessibilité de la voirie qui veut que les cheminements extérieurs et les parkings soient éclairés uniformément à 20 lux. Il s’agit d’une interprétation extensive et erronée de la réglementation. En effet, seuls les cheminements usuels principaux menant aux établissements recevant du public (ERP) et aux installations ouvertes au public (IOP) doivent être éclairés à 20 lux. Il s’agit d’une valeur d’éclairage moyenne et non en tous points. Or, ce sur-éclairage a un coût pour les collectivités et un impact sur la biodiversité.
Ne pas éclairer
Une des premières questions à se poser est la nécessité ou non d’éclairer à certains endroits du territoire, notamment dans les franges des territoires urbains. Pour Julie Pauwels, du bureau d’études environnementales Auddicé et doctorante au Muséum national d’histoire naturel, la distance avec les milieux naturels constitue un facteur à prendre en considération pour adapter l’éclairage. Une programmation fine des horaires d’extinction des luminaires peut améliorer la biodiversité. Eteindre la nuit ne suffit pas dans la mesure où de nombreuses espèces, telles que les chauves-souris, ont une activité important au crépuscule. C’est pourquoi, il importe de diminuer les puissances lumineuses dans ces plages horaires. L’idée étant d’instaurer une gradation avec des zones comportant moins de points lumineux, voire des zones totalement noires, notamment à proximité des milieux aquatiques qui ont un fort pouvoir réfléchissant, ou à proximité de certains monuments (les éclairages de mise en valeur du patrimoine étant souvent tournés vers le haut). Les « trames noires » ont pour objectif de créer des continuités écologiques nocturnes permettant aux animaux de s’y déplacer sans obstacle. Pour leur tracé, Romain Sordello préconise de se référer à celui des trames vertes et bleues lorsqu’elles existent puis d’identifier, dans ce périmètre, les zones de conflit avec les sources de lumière artificielle afin de les supprimer.
Jean-Philippe ARROUET le 18 octobre 2018 - n°1113 de La Lettre de l'Environnement Local
- Conserver mes publications au format pdf help_outline
- Recevoir par mail deux articles avant le bouclage de la publication.help_outline
- Créer mes archives et gérer mon fonds documentairehelp_outline
- Bénéficier du service de renseignements juridiqueshelp_outline
- Bénéficier du service InegralTexthelp_outline
- Gérer mon compte abonnéhelp_outline